Jacqueline Delpy expose une série de dessins née pendant le premier confinement, sous l’effet de la sidération liée aux évènements du covid. Après un examen minutieux des caractères morphologiques des insectes, l’artiste pare ses sujets d’une cotte de mailles, une armure tricotée, un Jersey de métal.  Elle effectue un pas de côté dans la représentation des insectes, épingle un pas de danse pour certains, une position guerrière pour d’autres. Une nouvelle posture esthétique, un « étalage » plus dérangeant est proposé, brouillant la frontière entre l’homme et l’animal, semant un trouble pour celui qui regarde.

Patiemment, maille par maille, des insectes mal aimés, ordinaires ou invasifs, prennent la pause: le clairon « Poilu » ravageur des ruches, l’élégante punaise américaine dans son pantalon bouffant, le doryphore rondelet, aux formes inoffensives, insecte de propagande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Qui est l’étrange, le ravageur, l’invasif, le nuisible ?

L’artiste pose un miroir, réfléchissant nos représentations, proximités et mutations avec ce monde  étrange; elle engage un dialogue souterrain avec l’univers de Kafka et sa métamorphose.